mercredi 10 août 2011

Juin/Juillet 2011




File le temps. L'aventure prend fin. Des centaines de photos. Un tas de vidéos. Et des souvenirs plein la tête. Je me souviens...
De mon arrivée au village. C'est l'hivernage; les travaux champêtres sont conséquents; pourtant nombreux sont là à m'accueillir.
Des salutations matin, midi et soir, des sourires et des rires.
Des femmes ô combien courageuses qui s'affairent à toute heure de la journée.
Des enfants à la vitalité étonnante.
De tous les présents : arachides, gombo, dolo, lianes, poulets, œufs...
Des moments de contemplation : la lune, les bœufs au marigot, les camions en partance pour le marché...
Des savoirs faire de chacun : le karité, le pain, la daba, les briques...
Et de bien d'autres choses encore.
Le mois dernier au village
J'ai eu à prendre quelques « photos de famille », pour les enfants parrainés par l'association. Dans la cour du délégué, difficile de rassembler tout le monde; les cinq femmes et tous les enfants. Le délégué me dit au moment de prendre la photo : c'est pas arrivé, il y a plus de gens mais ils ne sont pas tous là! .
Dans cette même cour, quelques femmes s'attroupent autour d'un bébé. Il pleure et se débat. Je pense naïvement qu'on essaie de lui mettre une touche de mascara pour l'embellir. Mais c'est une lame et non un crayon qu'une femme prend dans sa main. Il portera quelques cicatrices sur son visage comme tous les anciens du village, marque d'appartenance à une ethnie...
J'ai eu à prendre ma pioche; celle offerte par le forgeron, un jour de marché. Quelques nouvelles occasions se sont présentées. J'ai semé le mil avec Salimata, plus tard dans la région de Bobo, je m'essayais au coton avec Ismaël. Et ces derniers jours c'est Solo qui fit mon apprentissage. Il me demanda de désherber une allée. Au premier coup de daba, je fauchai une tige de mil! Ce qui provoqua l'hilarité d'un gosse et me mit dans un grand état de confusion. Mais Solo me rassura. Moi aussi, dit-il, quand je suis venu de Côte d'Ivoire et que j'avais pour habitude de cultiver le riz et le maïs, je ne savais pas trop distinguer les mauvaises herbes des brins de mil. Je me remis à l'ouvrage, sans plus causer de dégât!
J'ai eu à apprendre toujours et encore. Un matin, je vis Boubié et d'autres enfants qui tentaient de faire labourer un jeune bœuf très réticent. Il accusa de nombreux coups, lacérés sur tout le corps. Lorsqu'il se couchait, épuisé, on lui croquait la queue! Abou leur donna une astuce moins violente pour redresser l'animal sur ses pattes. Il fallait juste placer les mains sur ses nasaux, l'empêchant ainsi de respirer. Le bœuf alors,se lève automatiquement. Mais pour le faire avancer et tirer la charrette, c'est une autre affaire. Les coups reprirent.
Une période intense que ce début de saison pluvieuse qui réclame beaucoup d'énergie. Très tôt, parfois vers quatre heures du matin, hommes, femmes et enfants se rendent au champ. Si l'on n'est pas étranger au village et que l'on y réside depuis un bon moment, on a la chance d'avoir un terrain tout proche de la maison; sinon, c'est parfois une heure de marche à travers la brousse pour regagner ses terres. On y apporte l'eau et le tô pour éviter de revenir le midi et, si la pluie n'a pas pris le cultivateur au dépourvu, il rentre à la nuit tombée.
Les CM2 fêtent la fin des cours. Deux n'ont pas eu leur CEP (diplôme de fin d'études primaires), tous les autres sont admis. Seulement, il n'est pas sûr que chacun gagne une place au collège. Selon la disponibilité et les résultats aux examens, les plus chanceux pourront prétendre à la sixième. Les autres, si ils n'ont pas les arguments, autrement dit l'argent pour convaincre les chefs d'établissement, ils se verront refaire une année de CM2 ou iront au champ...
Nous avons mené à bien notre petit spectacle. Les élèves ont pris du plaisir à jouer et à chanter. 
Et moi, à les observer et à les filmer. Nous le présenterons de nouveau au centre avant mon départ. Blandine s'est proposée pour faire les beignets pour tous les élèves! Le soir, ce sera la fête avec les villageois qui voudront venir. Si vous êtes tenté par un riz soumbala, c'est samedi 16 en soirée. Venez nombreux! A bientôt pour un dernier épisode...

dimanche 12 juin 2011

Mai-juin 2011


J'emprunte le sentier qui mène au « kiosque » sur la place du marché et le paysage,
d'ordinaire si familier, me semble ce matin là différent. Les herbes ont poussé, de ci de là. Le vert
domine, conséquences des premières pluies.
Comme c'est bon de revoir des nuages, de retrouver le marigot gorgé d'eau, d'apercevoir les
moutons massés, au loin, en train de brouter.
Bientôt les nénuphars réapparaîtront, les tiges de mil pousseront mais avant toute chose, au travail!
L'heure est aux semences.

Boubié, Néhou et Issaka au champ avant le départ pour l'école
Nécessairement, il me fallait une daba. Jour de marché. Je passe voir le papa d'Azéta,
forgeron, et lui annonce en mooré charabia : Béogo, mam Kiemdé wéogo. Mam rata daba (demain,
je vais au champ. Je veux une daba) Et, histoire d'insister et de frimer un peu plus, j'ajoute la seule
phrase que je connaisse en nouni : A vélé gu (On part au champ). Il se marre, bien évidemment, et
m'offre très généreusement mon outil de travail. Plus tard, me fait-on comprendre, tu achèteras
celle-ci, pour cultiver.
J'éxhibe alors fièrement mon cadeau devant Salimata et Alima, deux anciennes élèves des cours du
soir, et pour fêter ça, on déglutit quelques beignets tout chaud accompagné de café au lait plus
chaud encore.
Ce sera finalement rayita, le surlendemain, que je ferai mes premiers essais dans le champ de
Blandine et de sa famille.



Très technique la prise en main des grains de mil dans la louchette!
Bilan : une heure de travail en matinée. Deux heures de sieste en soirée!
D'autres savoir faire m'attendent. Appliquer le crotin de vache sur les façades et le toit des cases par
exemple. Chez le délégué du village et chez Blandine, les travaux ont déjà débuté.


Dans la cour du délégué Maman de Blandine
Et puis, à deux reprises, j'ai raté une partie de pêche. A la prochaine occasion, j'accours!
C'est que j'ai le temps de participer aux activités du village à présent. J'ai suspendu les cours de
français pour les jeunes femmes qui ont bien des choses à mener en ce début de saison pluvieuse.
Et, ces dernières semaines, les élèves venaient le ventre vide chaque midi. La cantine s'est
subitement arrêtée faute de vivres dit-on. C'est entièrement faux. Maîtres, maîtresses, directeur,
amis du directeur, membres de l'APE se sont distribués le butin... J'ai longtemps ruminé dans mon
coin puis j'en ai informé un conseiller pédagogique qui passait par là. Puis le délégué du village.
Tous deux à l'écoute. Compréhensifs. Quand à savoir si ça va changer quelque chose, ça c'est moins
sûr.
Je réserve toujours du temps le jeudi pour la préparation d'un spectacle fin juin avec les
CM2. Les CE2, quand à eux, se chargent du décor. Des scénettes autour de l'hygiène ( sommeil,
nourriture) et de la prévention des maladies comme le paludisme.
Pour mener à bien ce projet, un conteur bobolais, nommé Bikontine, est venu à Bissandérou.
Accompagné à la guitare, au kundé et au violon traditionnel par Ismaël, chanteur et musicien.


Quelle belle semaine ce fut là! Initiation théâtrale donc en journée avec la classe de CM2 et
soirées conte itinérantes. Ambiance de feu les deux premiers soirs chez les nounma.

Plus intimiste mais tout aussi fabuleuse la soirée chez les mossi, dans la cour de Zida.
Le vieux, chez les peuls était souffrant. Plutôt qu'annuler, nos deux compères ont improvisé une
session en brousse avec les enfants qui nous avaient suivi.
Et, pour clore la semaine, tous étaient conviés au centre d'accueil.

Avant le spectacle 

Pendant le spectacle
J'ai le souvenir encore intact des jeunes et des moins jeunes qui ont chanté, dansé et de quelques
vieux du village qui sont venus conter...
Aujourd'hui encore, j'entends les enfants fredonner. Certains, comme un maçon qui loge au centre
ou encore Abou, le boutiquier-boulanger ont capté l'image et le son sur leur téléphone portable.
Un grand merci à l'association pour les avoir accueilli au centre d'accueil et à Pascal Godon pour sa
générosité qui a permis le financement de ce projet.

Et toujours grâce à eux et aux efforts continus de Monsieur Koama et des élèves, le
jardin scolaire est plus beau que jamais.

Blandine a déjà résevé les feuilles d'haricots. L'oseille, c'est dans le jardin de Moussa que
nous nous la procurons, en pleine résurection avec la pluie.
Au marché, les condiments se font rare. Sur la route de Koudougou, en revanche, on trouve encore
de nombreux choux, aubergines, oignons, mangues... à bas prix. Dans la direction de Dédougou, on
peut bien entendu se rendre au marché de Thériba. A moto ou en car quand l'occasion se présente
sinon...


C'est un camion chargé de condiments à l'aller et un autre chargé de boeufs, ânes, chèvres et
poulets au retour!!!
Joli moi de juin à tous et à bientôt pour le dernier épisode de cette merveilleuse aventure...

Mars-avril 2011


Des nouvelles du village
Par où commencer tant le temps s'est écoulé?

Le mois de mai a débuté et la chaleur est encore bien présente dans la capitale comme au village.
Spectacle son ou/et lumière garanti presque chaque soir. De fascinants éclairs parcourent le ciel, si bas à l'horizon qu'on pense pouvoir les saisir de la main. Ils s'accompagnent quelquefois de grondements sévères. Et quand l'orage se déclare, le vent se déchaîne tant et si fort qu'il soulève les hangars boiteux!


Celui du centre d'accueil résiste bien aux intempéries de ce genre. C'était un soir d'avril. Je devais renoncer à dormir dehors tout comme les huit maçons qui s'abritèrent dans la maison gourounsi et Moussa qui se réfugia dans une des deux cases peuls. La fraîcheur emplit l'atmosphère. La nuit fut bonne.



L'arrivée de maçons … près d'une vingtaine à présent. Une moitié d'entre eux ont pour noble mission de monter un dispensaire et une maternité à mi-chemin entre Bissanderou et Békéyou. Ils ont quatre mois pour finir le tout ; autant dire un travail de titan. Il faudra sûrement un long moment avant de l'équiper et de faire venir le personnel soignant, mais c'est tout de même un bon début.



La chaleur, toujours et encore, a eu raison du jardin de Moussa. Absente durant les congés scolaires et le temps de me rétablir d'un vilain palu, j'arrivai trop tard pour remotiver les troupes. J'ai posé quelques bouteilles d'eau percées sur les plants de tomates, emprunté deux arrosoirs à l'école, sollicité les forces vives-à savoir les élèves que je croisais-pour nous amener de l'eau mais rien n'y fit! Moussa avait perdu son entrain et je finis par me décourager aussi.

Toutefois, Blandine a pu récupérer pas mal d'oseille et en faire une succulente sauce.
Et puis, il n'est pas dit que nous ne retentions pas autre chose. Les pluies qui s'annoncent laissent présager le meilleur...

Franc succès en revanche pour le jardin scolaire. Koama, Kiemtoré Kanzieman, leurs élèves respectifs n'ont pas chômé. Le maître de CE1, porteur du projet, a constitué un roulement. Les élèves, à tour de rôle, arrosent régulièrement les parterres d'oseille et de haricots, matin et soir. En vente à l'heure actuelle, renseignez vous auprès d'Astrid en CM2, la trésorière!




Les pluies qui s'annoncent... et l'impatience grandit. Blandine me demandait combien de mois avant les grandes vacances; autrement dit avant que la saison des pluies batte son plein. C'est long me fit elle remarquer quand je lui parlais de près de quatre mois. En effet, les réserves s'amenuisent pour beaucoup et les derniers mois risquent d'être éprouvants si il n'y a plus rien dans l'assiette...



Franc succès en revanche pour le jardin scolaire. Koama, Kiemtoré Kanzieman, leurs élèves respectifs n'ont pas chômé. Le maître de CE1, porteur du projet, a constitué un roulement. Les élèves, à tour de rôle, arrosent régulièrement les parterres d'oseille et de haricots, matin et soir. En vente à l'heure actuelle, renseignez vous auprès d'Astrid en CM2, la trésorière!






Les pluies qui s'annoncent...Cela signifie aussi le départ des femmes au champ. Et ceux dès l'aube jusqu'à la tombée de la nuit. Autrement dit , l'arrêt probable des cours du soir qui ont en réalité lieu de 15h à 17h (mais passé 12h00, on parle de soirée ici!)
Certaines s'accrochent et viennent régulièrement. Mais dans l'ensemble elles ne se libèrent qu'une à deux fois la semaine. Autant dire que ce fut un réajustement au quotidien, ne sachant jamais trop à quel effectif m'attendre.





Leçons à tirer de tout cela :
Garder en tête que l'apprentissage de la lecture n'est pas une mince affaire et le faire savoir avant la mise en place du projet.
Admettre (facilement) que quelques mois ne suffisent pas à devenir lecteur.
Prendre en compte le rapport au temps et aux activités au village (travaux aux champ et multiples activités effectuées par les femmes).
Pour autant, il ne s'est pas rien passé.
Il y a pour chacune une conscience phonologique (ouais un terme barbare!); bref, elles savent entendre mou dans moulin, mouton et Oumou.
La plupart forment correctement leurs lettres alors qu'elle n'avait aucune maîtrise du geste graphique.
Elles reconnaissent des expressions et des mots, connaissent les lettres de l'alphabet, les nombres de 0à 20, effectuent quelques additions.
Et surtout, elles se sont rencontrées, elles ont échangé et osé parler en français.
Aussi peu de temps qu'il me reste, je continue à 15, à 5, peu importe le nombre, je poursuis jusqu'à ce que pluie s'en suive!




Vivre au village, c'est aussi et surtout assister à des événements heureux et malheureux.
Il y a peu, Tasséré, voisin mossi, est venu nous saluer, la mine défaite. Une vieille femme s'est égarée dans la brousse nous raconte-t-il. On l'a cherché durant deux jours et retrouvé éteinte et déshydratée.
Puis un enfant à qui il est arrivé le même sort...
Face au drame, la vie. La charmante petite Pierrette nouvellement née qui préfère le lait de sa mère au pot de la crémière, les premiers pas de Yacinthe dans la cuisine pas plus tard qu'hier...





Etre au four... plutôt qu'au moulin! Le moulin dit « des femmes » ne fonctionne plus depuis quelques temps. Le four à pain traditionnel ne demande pas mieux que de donner plus de petits pains chauds et délicieux trempés dans le café au lait du matin...



En conclusion, deux appels d'offre : un(e)enseignant(e) bénévole pour poursuivre les cours du soir, un(e)boulanger(e) bénévole pour soutenir la production du boutiquier près du marché!!!

Bilfou, Namwé tout le monde!

JEUX D'ENFANTS...
Quelques cailloux pour une partie de waré,deux bois pour de belles échasses
quelques morceaux de tissus et un bâton de bois pour devenir masque...









En conclusion, deux appels d'offre : un(e)enseignant(e) bénévole pour poursuivre les cours du soir, un(e)boulanger(e) bénévole pour soutenir la production du boutiquier près du marché!!!

Bilfou, Namwé tout le monde!

JEUX D'ENFANTS...
Quelques cailloux pour une partie de waré,deux bois pour de belles échasses
quelques morceaux de tissus et un bâton de bois pour devenir masque...




dimanche 20 mars 2011

Quoi de neuf depuis janvier?

Dimanche 20 mars 2011
Dernières heures sur Ouagadougou avant le retour au village de Bissanderou.
Toujours dans mon quartier fétiche à Gounghin. Je loge cette fois-ci à l'auberge Song Taaba qui veut dire grosso modo il faut s'entraider. Partenaire depuis 15 ans avec des Suisses de Bale : principe de micro-crédits pour les femmes du quartier, un repas chaud et des cours du lundi au vendredi pour les gosses, une mise en valeur de l'habitat traditionnel en banco. Des choses intéressantes en somme.
Et en face le meilleur mouton grillé du coin avec poivrons, tomates et oignons. Mmhhh!
J'y ai revu des amis, bu quelques bières dans quelques maquis, assisté à un concert de Reggae, effectué des virées à moto, contemplé l'agitation. Il y a du bon à être en ville!
Surprise à Napam 1. Le CCF a donné des livres; j'ai classé tout ça pour donner à la bibliothèque une allure de bibliothèque! Du coup, j'emprunte des contes peuls, les contes du pourquoi de Kipling et l'album des trois brigands de Tomi Ungerer. Merveilleux!