dimanche 12 juin 2011

Mai-juin 2011


J'emprunte le sentier qui mène au « kiosque » sur la place du marché et le paysage,
d'ordinaire si familier, me semble ce matin là différent. Les herbes ont poussé, de ci de là. Le vert
domine, conséquences des premières pluies.
Comme c'est bon de revoir des nuages, de retrouver le marigot gorgé d'eau, d'apercevoir les
moutons massés, au loin, en train de brouter.
Bientôt les nénuphars réapparaîtront, les tiges de mil pousseront mais avant toute chose, au travail!
L'heure est aux semences.

Boubié, Néhou et Issaka au champ avant le départ pour l'école
Nécessairement, il me fallait une daba. Jour de marché. Je passe voir le papa d'Azéta,
forgeron, et lui annonce en mooré charabia : Béogo, mam Kiemdé wéogo. Mam rata daba (demain,
je vais au champ. Je veux une daba) Et, histoire d'insister et de frimer un peu plus, j'ajoute la seule
phrase que je connaisse en nouni : A vélé gu (On part au champ). Il se marre, bien évidemment, et
m'offre très généreusement mon outil de travail. Plus tard, me fait-on comprendre, tu achèteras
celle-ci, pour cultiver.
J'éxhibe alors fièrement mon cadeau devant Salimata et Alima, deux anciennes élèves des cours du
soir, et pour fêter ça, on déglutit quelques beignets tout chaud accompagné de café au lait plus
chaud encore.
Ce sera finalement rayita, le surlendemain, que je ferai mes premiers essais dans le champ de
Blandine et de sa famille.



Très technique la prise en main des grains de mil dans la louchette!
Bilan : une heure de travail en matinée. Deux heures de sieste en soirée!
D'autres savoir faire m'attendent. Appliquer le crotin de vache sur les façades et le toit des cases par
exemple. Chez le délégué du village et chez Blandine, les travaux ont déjà débuté.


Dans la cour du délégué Maman de Blandine
Et puis, à deux reprises, j'ai raté une partie de pêche. A la prochaine occasion, j'accours!
C'est que j'ai le temps de participer aux activités du village à présent. J'ai suspendu les cours de
français pour les jeunes femmes qui ont bien des choses à mener en ce début de saison pluvieuse.
Et, ces dernières semaines, les élèves venaient le ventre vide chaque midi. La cantine s'est
subitement arrêtée faute de vivres dit-on. C'est entièrement faux. Maîtres, maîtresses, directeur,
amis du directeur, membres de l'APE se sont distribués le butin... J'ai longtemps ruminé dans mon
coin puis j'en ai informé un conseiller pédagogique qui passait par là. Puis le délégué du village.
Tous deux à l'écoute. Compréhensifs. Quand à savoir si ça va changer quelque chose, ça c'est moins
sûr.
Je réserve toujours du temps le jeudi pour la préparation d'un spectacle fin juin avec les
CM2. Les CE2, quand à eux, se chargent du décor. Des scénettes autour de l'hygiène ( sommeil,
nourriture) et de la prévention des maladies comme le paludisme.
Pour mener à bien ce projet, un conteur bobolais, nommé Bikontine, est venu à Bissandérou.
Accompagné à la guitare, au kundé et au violon traditionnel par Ismaël, chanteur et musicien.


Quelle belle semaine ce fut là! Initiation théâtrale donc en journée avec la classe de CM2 et
soirées conte itinérantes. Ambiance de feu les deux premiers soirs chez les nounma.

Plus intimiste mais tout aussi fabuleuse la soirée chez les mossi, dans la cour de Zida.
Le vieux, chez les peuls était souffrant. Plutôt qu'annuler, nos deux compères ont improvisé une
session en brousse avec les enfants qui nous avaient suivi.
Et, pour clore la semaine, tous étaient conviés au centre d'accueil.

Avant le spectacle 

Pendant le spectacle
J'ai le souvenir encore intact des jeunes et des moins jeunes qui ont chanté, dansé et de quelques
vieux du village qui sont venus conter...
Aujourd'hui encore, j'entends les enfants fredonner. Certains, comme un maçon qui loge au centre
ou encore Abou, le boutiquier-boulanger ont capté l'image et le son sur leur téléphone portable.
Un grand merci à l'association pour les avoir accueilli au centre d'accueil et à Pascal Godon pour sa
générosité qui a permis le financement de ce projet.

Et toujours grâce à eux et aux efforts continus de Monsieur Koama et des élèves, le
jardin scolaire est plus beau que jamais.

Blandine a déjà résevé les feuilles d'haricots. L'oseille, c'est dans le jardin de Moussa que
nous nous la procurons, en pleine résurection avec la pluie.
Au marché, les condiments se font rare. Sur la route de Koudougou, en revanche, on trouve encore
de nombreux choux, aubergines, oignons, mangues... à bas prix. Dans la direction de Dédougou, on
peut bien entendu se rendre au marché de Thériba. A moto ou en car quand l'occasion se présente
sinon...


C'est un camion chargé de condiments à l'aller et un autre chargé de boeufs, ânes, chèvres et
poulets au retour!!!
Joli moi de juin à tous et à bientôt pour le dernier épisode de cette merveilleuse aventure...

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