vendredi 17 septembre 2010

De ouaga à Koudougou.

            On est mercredi 8 septembre, je quitte Ouaga avec la compagnie STAF. Calée au fond du car, c'est parti pour 2 heures de trajet. Echanges de sucreries; on vous dit alors que vous êtes invités, autrement dit, on partage.On croise un bus en panne, des nénuphars en fleurs et on échappe au contrôle de police (capable de vérifier un par un les bagages de chaque pasager car,comme chacun le sait , le Flic est un être foncièrement méthodique). Bref, un trajet sans embûches.
           
            A mon arrivée sur Koudougou, Super Joseph* avait tout prévu. La voiture d'un ami pour les bagages, un plat de macaronis  préparé par Augustine,sa femme, accompagné d'une Brakina tout exprès pour moi, un passage au cyber, une visite au centre artisanal...
Les merci, il n'en veut point. C'est comme ça affirme t-il, une personne arrive, on lui facilite la route en bouchant les trous qu'elle peut trouver en chemin. L'histoire, il me la conte alors qu'on roule sur sa moto à une allure très raisonnable parce que des trous justement, y en a un paquet sur la piste!
            Et puis on croise un baobab qui, en plus d'en imposer comme tout baobab digne de ce nom, abrite une histoire incroyable :
 Nous autres français, désireux de mettre en place au plus vite nos bonnes oeuvres coloniales il y a de cela un siècle environ, avions trouvé une sanction pleine d'humour et de fantaisie pour les réfractaires : tu plantes le vilain « réactionnaire » devant le baobab, tu lui lances un défi du genre « vas y voir si t'arrives à soulever le baobab ». Le type s'agenouille et là, on l'abat avec un gourdin.
Ah! Y a de quoi être nostalgique...

            Hier soir, vendredi, Super Joseph  a conduit dans l'obscurité totale à travers les chemins boueux. Ben, j'ai pas bien compris à quoi il se repérait mais on est arrivé à bon port chez la petite soeur. Puis, on a rendu visite à deux autres foyers mais comme c'est jour de fête, ceux qu'on venait voir étaient justement aller voir d'autres gens parce que faut saluer tout le monde; ben oui c'est jour de fête!
Mais l'important, c'est d'être passé saluer. Et puis il y a toujours du monde pour vous recevoir. Par exemple, la nièce de Réo qui porte un pagne inscrit dessus «  Sainte Thérèse ». Alors là, je m'étonne: ce jour de fête là, c'est bien l'aïd, autrement dit la fin du ramadan? Oui, m'explique Joseph, elle est chrétienne, son oncle lui, il est musulman, tout comme moi, je suis chrétien, ma soeur elle, s'est convertie à l'islam.
            Ah ben si c'est le flou artistique forcément! Ce qui est sûr, c'est que demain je vais à Réo déguster leur fameux porc rôti au four!

*Super Joseph : humble et rigoureux gestionnaire au service de l'Education Nationale.
Pas simple le job, surtout quand on t'oblige à bosser avec le portrait de B.Compaoré sous ton nez; ça doit pas aider à la concentration!
Pour se rendre à son bureau, autrement dit à l'inspection n°3 de Koudougou, après la station service, au troisième 6mètres, quitter le goudron en tournant à droite.
Goudron : route principale.
Six mètres : nom de certaines voies secondaires en ville.
            C'est samedi. J''ai rencontré Félicité qui vend un curieux et fameux mélange haricots/riz/pates sur le bord de route. Elle assurera la cuisine à Bissanderou la première semaine d'octobre avant de laisser place à sa fille, Germaine, qui est en réalité sa nièce, tout comme la femme du frère du père de Joseph n'est pas comme on pourrait le croire sa tante.
            A Réo, le porc au four a tenu sa promesse. L'autre porc, celui qu'on a croisé sur la route à moto, ficelé comme un roti, tout vivant de son état, semblait résigné à mourir mais Cabri mort ne craint plus le couteau comme on dit ici.
            Si vous avez eu quelques difficultés à suivre, c'est que vous êtes bien portant.
Pour conclure, une revendication ethnocentrique et bien moraliste : détruisons toutes les télés de ce pays,il faut en finir avec les séries et émissions lénifiantes au possible.
A bientôt tout le monde.

1 commentaire:

  1. woaw : " elle est chrétienne, son oncle lui, il est musulman, tout comme moi, je suis chrétien, ma soeur elle, s'est convertie à l'islam. ".

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