dimanche 24 octobre 2010

Au village de Bissanderou

Voilà, on y est!
Parce qu'enfin c'est bien pour ça qu'il existe ce blog : avoir des nouvelles fraîches du village de Bissanderou et de ses habitants!
Comment ça va me demanderez vous? ça fait bien deux jours! (expression qui signifie "ça fait bien longtemps")

Et la famille ça va?
Et les enfants, ça va?
Et les activités ça va?
Bonne arrivée, Bonne arrivée,Bonne arrivée!!!
Comment voulez-vous que ça n'aille pas avec pareil accueil au quotidien? Et oui, chaque jour  quiconque croise votre chemin prend le temps de vous saluer. Et si vous maîtrisez un peu les formules, ça peut bien prendre quelques minutes.
Et on va jusqu'à se déplacer pour s'enquérir de vos nouvelles. Quotidiennement, au centre d'accueil, diverses personnes franchissent la porte, se posent quelques minutes et puis repartent. Les femmes qui reviennent de l'église, l'ami du gardien qui veut me présenter un enfant désireux de suivre les cours du soir, des élèves qui apportent des seaux d'eau pour remplir la barrique, d'autres du bois, d'autres encore du poisson à vendre qui vient d'être pêché et rapporté du fleuve Mouhoun...
A tous ceux "de la ville" qui me disent que ce ne doit pas être facile au coeur de la brousse, je leur affirme bien le contraire. Je suis chaleureusement entourée et le cadre 100% naturel apaiserait n'importe quel anxieux !





Et après avoir assisté au coucher du soleil, vous avez le droit ces derniers jours à la pleine lune. La tentation était trop grande : ni une ni deux j'ai sorti le lit, le matelas et dormi trois nuits à la belle étoile.
Je sais que je peux compter sur Moussa, le gardien en cas de pluie menaçante alors pourquoi se priver du ciel étoilé et de la fraîcheur extérieure?!
Et les jours de clair de lune, on entend au loin (à deux pas en fait!) musiques traditionnelles et voix d'enfants. Parce qu'à Bissanderou, quand la lune montre son visage, on fait de la lutte traditionnelle.
En photos et avec textes d'élèves à l'appui au prochain épisode...
Et qui dit élèves dit école. En chemin, chaque matin, je rencontre :

Et bien souvent des ânes, des boeufs, des poules... Pour les cochons, c'est plutôt à gauche en sortant du centre, le chemin qui mène à la pompe et à la boutique, vous voyez?!
Mais on ne va pas déjà faire l'école buissonnière donc poursuivons la route :
Un autre endroit pour puiser l'eau non loin de l'école et...
...tout proche de la maison et de la cour du directeur


Hop, hop, hop, les CM1, on a dit à l'école! 
Les cours, en soirée, autrement dit passé midi reprennent à 15h00. Seulement, personne ne dispose de montres, on se repère au soleil ,on observe les maîtres et maîtresses quitter leur cour pour les rejoindre sous les beaux arbres de la cour de récréation...


Et de rebondir (oh quelle transition!) sur cette cour. C'est la première chose qu'il a fallu aménager lors de la reprise scolaire, début octobre. Les parents avaient désherbé une bonne partie mais il y avait encore de quoi faire. Alors, on a apporté sa pioche et sa daba !


J'ai eu l'occasion depuis de passer dans chacune des classes et j'ai mis en place un emploi du temps pour aider au mieux les enseignants et cibler les difficultés des élèves.
Les effectifs restent honnêtes pour une école au Burkina : on tourne autour de 35, 40 voire 45 élèves. On me parle de classes à plus de 100 dans d'autres communes!!!
Dans certaines classes comme au CP2 (deuxième année) et en CM1, j'ai suggéré une mise en place de groupes différenciés, des exercices de niveaux différents en lecture-écriture.
Il arrive aussi qu'on scinde les groupes en deux pour faire participer tous les élèves; c'est le cas chez les CM2 sur des temps d'expression orale. Le climat de classe est très sympathique, leur maître ayant su créer une bonne dynamique de groupe.
J'introduis petit à petit le "quoi de neuf", rituel de grande importance en Pédagogie Freinet qui se définit  comme un moment pour s'exprimer et questionner l'autre sur son vécu quotidien. 
J'ai eu aussi l'occasion d'apprendre des chants et présenter albums et documentaires (merci à Pascale en France). Excepté leur manuel scolaire, les élèves ne disposent d'aucun livre. Du coup, certains m'en empruntent, d'autres me suivent jusqu'au centre sur l'heure du déjeuner pour lire. Encourageant non?
Comme la difficulté majeure tourne autour du langage, je développe en parallèle le jeudi, au centre d'accueil, des activités de mimes, la création de mémory (une idée de Johanne, merci Johanne) à partir d'un imagier, des situations d'écriture avec comme support statuettes en bronze et en bois. J'espère pouvoir faire fonctionner l'ordinateur assez vite pour exploiter les photos et créer de nouvelles occasions pour parler et écrire.
Les élèves sont motivés; quand je chasse la classe de CM1 pour accueillir les CM2, les premiers restent aux abords du centre, planqués derrière le muret de la cour ou perchés dans les arbres curieux de connaître les activités des seconds!
ça attire également des plus petits, des enfants non scolarisés qui jettent un coup d'oeil en passant.

Voilà pour l'essentiel.

Prochain épisode, ateliers pratiques au choix  savoir attraper une pintade ou construire un grenier...





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire